EMPIRE MONGOL

INTRODUCTION:

(Gengis Khan)

L'Empire mongol ou Empire turco-mongol, le plus grand empire continu ayant jamais existé, est fondé au début du XIIIe siècle par Gengis Khan, ses fils et petits-fils et leurs armées. Il couvrira à son apogée jusqu’à environ 33 millions de kilomètres carrés.

À son apogée, à la fin du XIIIe siècle, l'Empire mongol s'étend de la Méditerranée au Pacifique et de la Sibérie à l'Inde et à l'Indochine, mais n'inclut ni les États vassaux de Russie ni l'Indochine.

À partir de 1260, il se divise définitivement en quatre ulus (mongol ulus, uls : pays, région) :

(KUBILAI KHAN)

L'empire éclate sous Kubilai Khan qui se concentre sur la Chine tandis que les branches rivales créent des Etats sur leurs ulus. Après la disparition de l'empire, le rêve de tous les dirigeants centre asiatiques sera de reconstituer partie de l'empire mongol sans jamais pouvoir le réaliser, comme Tamerlan et son Empire timouride. D'autres reprendront le nom et revendiqueront une ascendance mongole, comme les grands Moghols de l'Inde du nord, qui étaient pourtant des souverains turciques et non mongols. Certaines principautés (khanats) maintiendront une continuité dynastique jusqu'en 1920.

 

Les conquêtes de Gengis Khan :

Avant l’avènement de Gengis Khan, les différents peuples mongols se font régulièrement la guerre. Une première tentative d’unification échoue en 1161.

Temüdjin, qui allait devenir Gengis Khan était un arrière-petit-fils de Qabul Khan, fils d’un chef du clan Bordjigin. Il est donc de bonne famille mais sa naissance ne le place pas d’emblée dans la classe des hauts dirigeants de la société mongole. On ne sait pas en quelle année se situe sa naissance : ce peut être 1155, 1162 ou 1167.

À la suite de l’assassinat de son père pour des raisons politiques, sa famille est exclue du clan et condamnée à mener une existence errante.

Temüdjin se rend auprès du puissant khan des Kereit, Toghril, ami de son père, et devient son vassal.

Entre 1187 et 1196, Gengis Khan est proclamé khan (c'est-à-dire roi). Il défait les Tayitchi'out, qui vivent au sud de l'actuelle Bouriatie, en Sibérie, puis les Tatars, ce qui lui permet de contrôler la Mongolie orientale. En 1203, il rompt avec Toghril, qui est tué. Les Kereit se rallient. L'année suivante, il soumet les Merkit et les Naimans, à l'ouest de l'actuelle Mongolie1. Dès lors, Gengis Khan contrôle presque tout le territoire mongol. En 1205, il commence la conquête du royaume Tangout des Xixia2, qui résistent dans leurs villes fortifiées jusqu'en 1209. Une grande assemblée en 1206 (qurultay) le nomme khan universel (Tchingis Qaghan). L'année suivante, son fils aîné Djötchi soumet les Kirghiz tandis que les Ongüt de l’Ordos et les Karlouks de l’Ili se rallient spontanément à l’empire3.

Les Ouïgours se rallient en 12091. Ils sont à l'origine de l'écriture mongole. Cette même année, Gengis Khan achève la soumission du royaume des Xia Occidentaux4, tremplin contre la Chine. Au printemps 1211, il lance l'assaut contre les Jin, une dynastie fondée en 1115 par les Jürchen, peuple apparenté aux Mandchous5. La ville de Pékin, capitale des Jin, est prise et pillée en 1215, mais le souverain Jin se réfugie à Kaifeng. Cette dynastie ne s'effondre définitivement qu'en 1234, sous l'action conjuguée des Mongols et des Chinois du Sud, qui se sont alors alliés.

En 1218, Gengis Khan se tourne vers l'ouest. Son général Djebé prend possession du Kara Khitaï6. En septembre 1219, Gengis Khan attaque l'empire turc à domination musulmane du Khwarezm, centré sur l'actuel Ouzbékistan1. Sa campagne, ponctuée par de terribles massacres, le conduit jusqu'au nord-ouest de l'Inde en 1222, mais ses troupes se retirent, gênées par le climat7. Un détachement de 10 000 hommes, conduit par Subötai et Djebé, s'aventure jusqu'en Russie (1221-1223). La conquête du Khwarezm s'achève en 1224 et Gengis Khan rentre en Mongolie au printemps 12251. Il meurt en 1227 a Qingshui dans l'actuel Gansu au cours d'une campagne contre le royaume Xixia révolté. L'empire mongol contrôle alors une bande de terre de 2500 km (distance nord-sud) qui s’étend de la mer Caspienne à la mer de Chine méridionale.

L'armée :

Quand Temüjin impose son autorité à l’ensemble des tribus mongoles il en fait, par l’adoption d’une nouvelle tactique, une redoutable puissance militaire. Il fonde l’ordre des darkhans (forgerons), chevaliers exemptés d’impôts et jouissant de l’impunité pour leurs neuf premiers délits. Il organise les Mongols selon le système décimal déjà en usage chez les Xiongnu, dont l’unité suprême est le tumen (dix régiments, soit 10 000 soldats). Il organise sa garde personnelle (kechiktens) et en porte l'effectif à 10 000 hommes.

L’armée de Gengis Khan, bien qu’elle ne soit pas particulièrement grande pour l’époque (95 chiliarchies, soit 95 000 hommes), se distingue par ses formidables cavaliers et ses habiles archers, par le contrôle et la discipline de ses chefs, et par la stratégie et la tactique militaires du khan lui-même.

À partir de 1211, devant les places fortes chinoises, les Mongols doivent faire l’apprentissage de la guerre de siège. Après 1219, les victoires face aux armées organisées du Khârezm s’expliquent par le démembrement féodal de ce dernier, ainsi que par la terreur qu’inspirent les envahisseurs auprès des populations. Pour prendre les villes, les Mongols utilisent les prisonniers. Ils contraignent les populations soumises à démolir les murs et à combler les fossés des forteresses. Ils les utilisent pour combler les fossés et les pièges creusés par les défenseurs ; ils les chassent devant les armes des Khârezmiens, jusqu’à ce que les corps tombés aient empli les fossés. Un autre stratagème consiste à habiller les prisonniers en vêtements mongols et de les contraindre à participer au siège des villes et des forteresses. Enfin, depuis les campagnes contre la Chine, l’armée mongole dispose de béliers et de catapultes

L'organisation de l'empire

(ogodai) (TOLUI)

De son vivant, Gengis Khan partage son empire entre ses quatre fils, Djötchi, Djaghataï, Ögödei et Tolui, qui administraient leurs provinces (oulous) en tant que gouverneurs du pouvoir central. Les grandes villes situées sur le territoire des oulous, comme Boukhara et Samarkand, sont gouvernées, par l’intermédiaire de gouverneurs spéciaux, directement par le grand khan. Les oulous sont administrés par des commandants de place (darougatchi) et leurs subordonnés (tamagatchi). Plus tard, ils assureront le pouvoir avec l'aide de l'aristocratie locale et des dignitaires religieux musulmans. Ils succéderont aux anciens propriétaires en partie chassés, en adoptant les rapports féodaux et en s’assimilant à la société des territoires conquis. Ils envoient régulièrement le tribut (la dîme des produits) à la cour du grand khan et veillent à l’unité de l’empire1.

Les conquêtes amènent le dépeuplement de la Mongolie et ralentissent son évolution intérieure. Si l’activité des artisans ramenés d’Asie centrale contribue à l’essor de l’artisanat, le manque d’hommes, utilisés pour la guerre, ralentit le développement de la société. Dans les pays sédentaires conquis, les Mongols massacrent les populations et détruisent les canaux d’irrigation des cultures, dans le but de transformer en pâturages les terres cultivées du Turkestan et de Chine du Nord

Les conquêtes des successeurs de Gengis Khan :

(Les Mongols assiégeant une ville)

Durant les 30 années qui suivent, les trois successeurs de Gengis Khan sont des diplomates et des guerriers habiles. Ils complètent les conquêtes de la Chine, de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie, de l’Anatolie et de l’Europe orientale.

Deux ans après la mort de Gengis Khan, en 1227, son troisième fils Ögödei lui succède. C'est sous son règne que se déroule la grande campagne d'Europe, entre 1236 et 1242. Les armées des principautés russes, puis polonaises et hongroises sont balayées, et les Mongols poussent jusqu'aux rives de l'Adriatique. A l'annonce de la mort d'Ögödei, les troupes mongoles se retirent, ce qui sauva vraisemblablement l'Europe. Mais leurs hordes ne cessent pas de razzier l'Europe centrale. En 1259, après avoir dévasté la Lituanie, 20 000 Mongols attaquent de nouveau la Pologne et la pillent ; le pape Alexandre IV projette une croisade contre eux. En 1265, attaque contre la Grèce ; la Thrace est dévastée ; l'empereur byzantin envoie des cadeaux et marie deux de ses filles à des khans. En 1271 et 1274, raids contre la Bulgarie. En 1275 et 1277, nouveau raid contre la Lituanie. En 1284, nouvelle invasion de la Hongrie, les villes de Transylvanie sont ravagées. En 1287, pillage de la Pologne, Cracovie est de nouveau dévastée. En 1293, attaque contre la Serbie, qui doit reconnaître la suzeraineté mongole. La Russie ne sera libérée du joug de la Horde d'or qu'en 1480 par Ivan III de Russie lors de la Grande halte sur la rivière Ougra.

Gengis Khan avait en 1203 pris Karakorum, la capitale du khan des Kereit, située à 320 km à l'ouest d'Oulan-Bator, Ögödei la fortifie en 1235 et elle reste la capitale mongole jusqu'en 1260, à l'avènement de Kubilaï qui déplace le centre de l'empire mongol au sud-est, en Mongolie intérieure, à Shangdu (près de l'actuelle Chao-naimen-sumu

(mongoke-khan) ;Mongke est le dernier des Grands Khans à conserver la tradition nomade. Après lui, son successeur, Kubilai Khan, est absorbé par la civilisation chinoise, et les Ilkhans du Moyen-orient par la civilisation iranienne. Seule la Horde d'or sur la Volga, et les apanages sur le Turkestan (Qaidu) restent attachés aux traditions de la steppe, mais se sédentarisent également, en partie du moins. Pendant son règne, la féodalisation connaît un vif essor tant en Mongolie que sur les territoires conquis, où les chefs mongols succèdent aux seigneurs locaux qui deviennent leurs vassaux.

(GUYUK-khan );

À la mort d'Ögödei en 1241, le pouvoir est détenu par son épouse, la régente Töregene. Güyük, fils de l'empereur défunt, accède au trône en 1246, mais meurt deux ans plus tard, sans doute empoisonné par un complot qui met au pouvoir la branche du plus jeune fils de Gengis Khan. En Möngke devient Grand Khan des Mongols. Sous son règne la conquête mongole reprend en direction de l'Iran et de l'Irak, puis du Sichuan et du Tibet. Elle échoue cependant contre la Chine du Sud des Song. Son frère Hülegü est nommé vice-roi d'Iran (Il-khan) en 1253 et prend Bagdad le , mettant un terme au Califat abbasside que les Türks Seljoukides maintenaient. Le calife Al-Musta'sim est exécuté.

En 1259, à la mort de Möngke, l’empire se scinde en quatre parties : la Chine des Yuan à l’est, le Djaghataï au centre, l’Ilkhan au sud-ouest (Iran, Irak et Syrie) et la Horde d'or au nord-ouest (Russie et Europe orientale). L'année suivante, l’empire mongol perd sa première bataille à Aïn Djalout, lorsque l’Égypte mamelouk s’empare de la Syrie devant une petite armée mongole de 15 000 hommes, le gros des troupes ayant été rappelé par Hülegü en vue de la succession de Mongke. Les quatre parties de l’empire ne coopèrent plus et entrent en conflit entre elles. Les seigneurs mongols s’assimilent aux sociétés locales, s’appuyant sur les seigneurs féodaux, le clergé musulman et les riches commerçants.

L'apogée de l'empire :

Kubilaï, un frère de Möngke, lui succède le 16 mai 1260, à l'issue d'un coup de force : les souverains se faisaient normalement élire lors d'une assemblée, le qurultay, mais Khubilaï ne convoque pratiquement aucun parent et se fait élire à Shangdu et non à Karakorum. Plusieurs des descendants de Genghis Khan contestent sa légitimité, mais il sait toujours s'imposer.

Son mérite est d'avoir achevé la conquête de la Chine. Dès son avènement il fait de Shangdu la capitale et adopte l'étiquette chinoise. Il fait rebâtir Pékin qui devint sa nouvelle capitale en 1272. En 1271, il prend un titre dynastique à la manière chinoise : celui des Yuan, mais ce n'est qu'après la reddition des Song du Sud, en février 1276, qu'il tient le sceau de l'empire de Chine. Quoique les Mongols restent toujours un corps étranger aux yeux des Chinois, pratiquant une politique de discrimination comme leurs prédécesseurs Khitan et Jurchen, Qubilaï fait de nombreuses avances aux Chinois et il peut finalement être regardé comme l'un des plus grands Fils du Ciel.

Sur une grande partie de l'Eurasie, après le temps de la guerre et de ses atrocités, était venu celui de la "paix mongole". C'est la sécurité des voies de communication qui permet à beaucoup d'hommes du Proche-Orient, et même d'Europe, de découvrir la Chine, notamment Marco Polo, des Génois, et les premiers missionnaires et évêques catholiques romains. Mais dans le même temps, Khubilaï envoie ses armées tenter de conquérir le sud-est asiatique, et dans l'Océan Indien jusqu'à Madagascar.

Sous Kubilaï l'empire mongol atteignit son apogée. Jamais empire ne fut si vaste. De la Turquie à la Corée en passant par l'Irak, le Koweït, les Émirats arabes, l'Iran et l'Afghanistan ; et du Vietnam jusqu'à l'Ukraine et à Moscou en passant par tous les Turkestan et toute la Sibérie, même jusqu'en Serbie, partout les peuples sont tributaires, paient l'impôt pour éviter les ravages de la guerre.

 La chute de l’empire mongol :

La chute de l’empire mongol causa une sérieuse crise dans la société mongole. Cette période est appelé « l’âge des sous monarches » en historiographie. En effet, les dirigeants de la Mongolie après 1368 régnait peu de temps et était en crise permanente avec la noblesse. Le khan perdit une grande partie de ses pouvoirs. Les seigneurs locaux  commencèrent à prendre de l’autonomie dans leurs affaires. La seule ancienne nation mongole se désagrégea. Les Oirads firent sécession et formèrent leur propre monarchie. La Mongolie se sépara en une partie est et une partie ouest. La partie est se sépara elle-même en territoire intérieur et territoire extérieur. Les oirads étaient assez actifs et faisaient parfois des incursions en Asie centrale.

 

La langue mongole se fragmenta également en plusieurs dialectes distincts, qui devinrent plus tard des langues. Toutefois, la période 15-17ème siècle fut marqué par des disciples marquants et des poètes. Par exemple, le prince Tsogt n’était pas seulement un combattant mais aussi un poète et philosophe. Le boudhisme arriva en Mongolie au 16ème siècle. En 1572, le khan Altan se convertit au bouddhisme, rejetant ainsi les vieilles croyances chamanistes. Le bouddhisme enseigna aux mongols la littérature, la philosophie, la théologie et les sciences naturelles.

 

La suprématie du khan était limité dans la Mongolie post impériale. 22 khans dirigèrent la Mongolie entre 1370 et 1634. Le prince Oirad s’empara du trône en 1450 brisant ainsi la tradition des descendants de Chinghis. Cinq ans plus tard, la dynastie fut restaurée. En 1470, le khan Batmönh unifia la Mongolie pour 40 ans. Mais sa mort entraîna une plus grande séparation.

 

La période du 15-17ème siècle marqua la naissance de nombreux documents légaux par les seigneurs mongols. Pendant l’empire, la grande loi Yasa dirigea seule la société. Donc quand chaque prince voulait devenir indépendant ils produisaient de nombreuses lois et d’autres documents contraignant. Par exemple, le code légal du khan Altan était en vigueur dans la région Tumed. « La loi Mongole-Oirad » et « Le Code Religieux » font partie des plus importants.

 

En 1575, les mandchous arrivèrent et assaillirent la dynastie chinoise Ming. Leur leader Nurhachi déclara son royaume Ching en 1616. L’armée mandchou envahit la Mongolie et firent pression sur les seigneurs mongols.

 

En 1636, le conseil des princes de la Mongolie de l’intérieur admirent leur défaite et reconnurent l’autorité de l’empereur mandchou. Le dernier de la lignée de Chinghis, le khan Ligden résista aux Mandchous jusqu’à sa mort en 1634. Ce fut la fin d’une grande dynastie. Cette situation s’aggrava car certains mongols joignirent  l’armée mandchou pour partager leurs victoires. En 1691, les princes de Mongolie extérieure décidèrent d’accepter la domination de l’empire mandchou, naissant la Zungaria seule province indépendante de Mongolie.

 

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